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Victimes d'attentats
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Victimes d’attentats : comment surmonter le traumatisme ?

Alors que les attentats terroristes font souvent la une des journaux, nous avons voulu nous intéresser aux victimes d’attentats et aux traumatismes psychologiques de ces drames.

Les images que nous renvoient les média des attentats qui sont perpétrés dans le monde sont violentes et nous montre les conséquences visibles et physiques de ces drames. Cependant, les conséquences psychologiques sont considérables. Le sujet n’est pas facile à aborder puisque les victimes doivent retrouver la paix. Il devient donc indispensable de consulter un psychologue afin de sortir de cette situation qui peut avoir des répercutions sur la vie et le bien-être de la victime.

La violence du récent attentat en Tunisie nous a incité à nous interroger sur leurs conséquences psychologiques et le rôle que pourrait avoir un psychologue face à une victime. Nous avons interrogé deux psychologues sur le sujet. Marie Tricoire psychologue libéral et hypnothérapeute et Maurice Gaillard, psychologue spécialisé dans la victimologie nous répondent.

Quels types de traumatismes psychologiques peut on subir lorsque l’on a été victime d’un attentat ?

Maurice Gaillard (MG) : Tout d’abord, un attentat c’est quoi ? Si tout le monde a sa réponse conformément à ce que nous en livrent les médias, la perception qu’en ont les victimes est elle, bien différente, car ancrée directement dans le vécu douloureux qu’elles en ressentent .

Sur le plan psychologique, un attentat c’est l’irruption soudaine d’un événement extra-ordinaire dans une vie ordinaire. L’arrivée d’un corps étranger qui fait voler en éclats le sentiment d’existence, le sentiment d’unité d’un individu.

Parce qu’il n’y est pas préparé, l’individu se trouve subitement confronté à l’explosion de ses repères, à l’effroi de la mort qui s’en suit, au doute même quant à sa propre vie.

Bruits, odeurs, cris, silence de mort ou mouvements de foule…., la victime se trouve en quelques secondes propulsée dans un univers qui la déborde de toutes parts. Commence alors un long parcours auquel elle devra faire face et qui va donner, bien souvent, un sens nouveau à sa vie.

Marie Tricoire (MT) : Il y a autant de réactions possibles que d’individus… Toutefois, lorsque l’on a été victime d’un attentat, la peur et l’angoisse ressentie à ce moment là peut être réellement ancrée dans l’inconscient. D’une personne à l’autre les troubles ne vont pas s’exprimer de la même manière:
– chez certaines il pourra y avoir une difficulté à retrouver une vie quotidienne, celle-ci sera envahie par une anxiété majeure. L’individu n’ayant pas d’autres choix que de  cloisonner son univers. Afin de ne pas ressentir l’angoisse du traumatisme; l’imprévu et la spontanéité n’auront plus de places dans sa vie (cela peut aller jusqu’à une phobie sociale, ou des TOC, ou des délires paranoïaques…).
– Chez d’autres, la sensation éprouvée après l’attentat sera décisive dans la façon dont individu va réinvestir sa vie. Si le sujet a eu la sensation d’avoir eu beaucoup de chance et d’être « passé » à côté de la mort. Il peut se mettre en danger, afin de tester sa toute puissance (comportement suicidaire).
– Il y a aussi les victimes qui refusent de se laisser envahir par leurs émotions, elles refoulent l’évènement, ou leur mémoire l’occulte totalement, elles reprennent leur vie là où elles l’ont laissées et évitent de trop penser. Toutefois, l’émotion ressentie lors de l’attentat reste ancrée et peut revenir et envahir l’individu lors d’un évènement anodin.

Quelles sont les conséquences à court et le long terme ?

MG : A court terme, il s’agit de reprendre pied au sens concret du terme et l’impact psychologique n’est pas toujours la priorité à ce moment là. Reprendre conscience de son corps, de ses sens, retrouver des effets personnels, s’inquiéter de ses proches, de ses amis…. tout cela en l’espace d’un temps qui semble, lui, s’être complètement figé. Cette fameuse « sidération » si souvent invoquée.

Les cellules psychologiques qui interviennent alors, dans ce que l’on nomme la phase immédiate, permettent de se réapproprier cela, dans un espace « contenant », destiné à redonner des repères et canaliser ainsi l’angoisse sous-jacente. Orienter, accompagner, informer (adresses, téléphones….), mettre des mots sur l’indicible, des émotions sur les mots, assurer une présence qui rassure et apaise.

Plus tard, apparaissent les symptômes qui devront être rapidement pris en charge avant qu’ils ne s’enkystent de façon durable.

Reviviscence de la scène d’horreur qui revient de manière quasi obsessionnelle, angoisse, dépression, irritabilité, insomnies, sensation d’être en alerte permanente : sentiment que tout peut arriver à n’importe quel moment, l’impression qu’on ne contrôle plus rien. Et surtout, pour celles et ceux qui l’ont approchée, l’effroi de la mort.

MT : Sur le long terme, les sujets soumis à de tels traumatismes peuvent développer des troubles majeurs:

  • dépression majeure
  • troubles du sommeil récurrents (difficultés d’endormissement, cauchemars, terreurs nocturnes,…)
  • troubles alimentaires
  • phobie sociale
  • colère: désir de vengeance
  •  …

A quoi servent les cellules de soutient psychologique immédiatement mise en place ?

MG : Contenir dans la proximité physique, (toucher, tenir par le bras, écouter) mettre immédiatement des mots sur le sentiment d’angoisse, d’étrangeté.
Donner les premières infos (adresse, téléphone…) sur le suivi médical, psychologique et judiciaire.

MT : Elles sont essentielles! Elles ont comme rôle de soutenir la parole des victimes. Les victimes ont besoin de mettre des mots sur l’évènement et sur les émotions ressenties. La verbalisation leur permet de prendre du recul. Plus la victime verbalisera et extériorisera ses émotions moins l’équilibre psychologique sera déstabilisé.

Quel est le rôle du psychologue lorsqu’il doit effectuer le suivi d’une victime ?

MG : Le suivi post-immédiat et à long terme est nécessaire. C’est à ce moment là que le psychologue mesure à quel point, même si des éléments sont communs aux victimes, combien chacune inscrit l’événement traumatisant dans son existence propre.

Selon les cas l’effroi de la mort sera ou non présent. Expérience existentielle dont seules les victimes qui ont vécu cela, peuvent parler. Ressenti de mort imminente pouvant déboucher sur le syndrome du rescapé. « Pourquoi eux et pas moi ? »

Ensuite chacun intègre le trauma avec ses mots, ses émotions, dans un récit à l’occasion duquel  le psychologue remarquera que les éléments douloureux ne sont pas forcément là où on les attend.

Pour l’un, ce sera la crainte de ne pouvoir retrouver son intégrité physique, pour l’autre ce sera cette minute où il a cru laisser derrière lui ses enfants orphelins, pour tel autre encore, la vision de ce voisin dont il entendu le dernier soupir, pour d’autres encore, le parcours judiciaire interminable qui réactualise le passé sous le seul angle du fait divers impersonnel…… Chacun développera « son » récit et c’est cette singularité que le psychologue aura  pour tâche d’entendre en ouvrant l’espace où les émotions pourront enfin se libérer là où elles se trouvent.

Tout ceci s’entend bien sûr, en l’absence d’invalidité durable, de troubles corporels ou fonctionnels. A contrario, le travail sur le « corps d’avant » , sur le deuil du corps intègre, devient une étape qui prendra du temps, avec des hauts et des bas inévitables

MT : Le psychologue doit pouvoir proposer un espace neutre et bienveillant, pour permettre à la victime de déposer son vécu souffrant. L’hypnose est un très bon outil thérapeutique pour des sujets ayant vécus un traumatisme, il permet de lever des ancrages négatifs inconscients.

Le rôle des proches est il important pour surmonter une telle épreuve ?

MG : Le soutien de l’entourage, celui des proches, est un élément important dans la reconstruction mais peut être aussi, hélas, contre-productif.

Éléments communs à la plupart des victimes, le sentiment d’abandon et la culpabilité. Même si aucun élément objectif ne vient confirmer un abandon réel, la victime se sent à un moment ou à un autre abandonnée.

Le travail de l’entourage devient alors délicat, à qui il est reproché de ne pas comprendre, de ne pas savoir faire. Puis devient source de malentendu lorsque des proches, eux-mêmes victimes parfois, se mettent à comparer : « je me mets à ta place … si j’étais toi…… faut passer à autre chose….etc…. » autant de conseils pseudo réconfortants qui ratent leur cible et ont l’effet inverse.

La culpabilité. Elle est présente à un degré ou à un autre chez toutes les victimes : agressions, accident, attentat…. culpabilité diffuse, difficile à mettre en mots et encore plus difficile à justifier.

Là encore l’entourage fait ce qu’il peut, mais le message ne passe pas ou passe mal. D’autant que chez les victimes, la perception des actes, des mots, du moindre geste, est souvent exacerbée dans un contexte de sensibilité, voire, de susceptibilité accrue.

Néanmoins la présence de la famille, la prise de nouvelles de la part des amis, des collègues de travail, des voisins, sont d’une importance capitale, malgré les réserves exprimées plus haut.

MT : Oui et non. Il est important que la personne soit accompagnée, mais les proches très souvent ne comprennent pas le comportement et les choix de vie de la personne traumatisée.
Les proches se sentent très souvent envahis d’une mission et par maladresse peuvent quelque fois bousculer psychologiquement la victime.

Les victimes font face à une violence gratuite. Peuvent elles comprendre et accepter ?

MG : La violence… gratuite….pour les uns…. mais à quel prix… pour les autres. A moins d’avoir une âme qui a gravi tous les échelons de la sagesse, capable de pardonner à ses ennemis, y compris les plus déshumanisés, difficile d’intégrer rationnellement et encore moins émotionnellement, la violence gratuite d’un attentat.

Quand un accident, une peur, une agression, vous surprennent dans la vie quotidienne, cela fait partie des risques auxquels on est plus ou moins préparé. Bon gré, mal gré, on fait face et on intègre.

Quand la violence frappe brutalement, de manière aveugle, quand cette violence vous fait entrevoir en quelques secondes les portes de la mort, quand cette violence ne vise plus seulement à blesser les chairs mais à anéantir les consciences, on comprend que la conscience humaine se révolte contre ce processus de destruction massive, et travers celle des kamikazes, d’autodestruction programmée.

MT : Pour pouvoir continuer à vivre, la victime doit comprendre ce qui s’est joué et à son propre insu, mais de là à parler d’acceptation… On en est encore loin ! Il est important toutefois de différencier acceptation et banalisation des actes.
Merci à : Maurice Gaillard et Marie Tricoire.

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